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Le Voyage de Grognard le Géant

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Grognard le Géant vivait tout en haut de la montagne Brumeuse, dans une caverne remplie de vieilles couvertures et de peaux de bêtes. Il était si grand que les arbres lui arrivaient à la taille et que les nuages lui chatouillaient le sommet du crâne. Mais Grognard s’ennuyait. Autrefois, il adorait chasser les marmottes et faire rouler des rochers dans la vallée pour entendre l’écho. Un jour, un groupe d’enfants avait découvert sa caverne. Ils avaient joué à cache-cache dans ses bottes, grimpé sur ses épaules, et même organisé une bataille de boules de neige géantes avec lui. Grognard avait ri si fort que les arbres avaient tremblé.  


Mais depuis, les enfants étaient partis. Ils avaient emporté avec eux son trésor : une boîte remplie de cailloux brillants, de plumes d’aigle et de coquillages ramassés au bord de la rivière. Grognard était furieux. « Ces garnements ont volé mes trésors ! » grogna-t-il en tapant du pied. La montagne trembla, et un éboulement dévala la pente. Alors Grognard décida de partir à leur recherche. Il mit dans un sac une miche de pain dur, un morceau de fromage moisi et une gourde d’eau de source. « Je vais les retrouver et leur donner une bonne leçon ! » marmonna-t-il en enfilant ses bottes.  


Grognard descendit la montagne en trois enjambées et arriva à la gare des Ombres, un bâtiment gris et lugubre où les trains sifflaient comme des hiboux en colère. Il n’avait jamais pris le train, mais il avait entendu dire que c’était un monstre de fer qui crachait de la fumée et avalait les voyageurs. « Un aller pour la ville, s’il vous plaît », dit Grognard en tendant une pièce rouillée au guichetier. Le guichetier, un homme minuscule avec une casquette trop grande, le regarda avec des yeux ronds. « Vous… vous êtes sûr ? » « Bien sûr ! » grogna Grognard. « Et dépêchez-vous, je suis pressé ! »  


Quand le train arriva, Grognard eut un moment d’hésitation. La locomotive ressemblait à un dragon endormi, avec ses yeux rouges et sa vapeur qui s’échappait en sifflant. Mais il monta tout de même dans le wagon, pliant les genoux pour ne pas heurter le plafond. Le train démarra avec un grondement, et Grognard serra les dents. Les vitres tremblaient, les portes claquaient, et les autres passagers le regardaient avec des airs effrayés. « C’est pire qu’un éboulement ! » pensa-t-il en fermant les yeux.  


Soudain, le train passa dans un tunnel, et tout devint noir. Grognard sentit une bouffée d’air froid lui caresser la nuque. « Qui est là ? » demanda-t-il en ouvrant les yeux. Dans l’obscurité, une petite voix chuchota : « Grognard… Grognard… tu nous manques… » C’était la voix des enfants. Grognard se leva d’un bond, heurtant le plafond du wagon. « Où êtes-vous ? » cria-t-il. Mais le train sortit du tunnel, et la voix disparut. Grognard se rassit, le cœur battant. « C’était juste mon imagination », se dit-il. Mais il n’en était pas si sûr.  


Quand Grognard arriva en ville, il fut aussitôt assailli par les bruits et les odeurs. Les voitures klaxonnaient, les vendeurs criaient, et l’air sentait le pain chaud et la fumée d’usine. Grognard se sentit tout petit, malgré sa taille. « Où sont les enfants ? » demanda-t-il à un homme en costume. « À l’école, pardi ! » répondit l’homme en ajustant son chapeau. « Et où est l’école ? » « Prenez le métro, c’est plus rapide. »  


Grognard fronça les sourcils. Le métro ? Encore un monstre de fer ? Mais il n’avait pas le choix. Il suivit les panneaux jusqu’à une bouche sombre qui descendait sous terre. « Brrr… » frissonna-t-il en descendant les marches. Dans la station, un train arriva avec un grondement sourd. Les portes s’ouvrirent, et Grognard monta à contrecœur. Le métro était bondé, et les passagers se serrèrent pour lui faire de la place. « Désolé », murmura-t-il en essayant de ne pas écraser les pieds de son voisin.  


Quand il sortit du métro, Grognard était épuisé. Il avait l’impression d’avoir traversé un labyrinthe de tunnels et de couloirs. Mais enfin, il vit l’école : un grand bâtiment en briques rouges, entouré d’une cour de récréation. Les enfants jouaient dans la cour, criant et riant. Grognard les reconnut aussitôt : c’étaient eux, les voleurs de son trésor ! Il s’approcha de la grille et cria : « Hé, vous ! »  


Les enfants se retournèrent, les yeux écarquillés. « Grognard ! » s’exclamèrent-ils en courant vers lui. « Vous avez volé mes trésors ! » grogna-t-il en les regardant de haut. « On ne les a pas volés, on les a empruntés ! » protesta un garçon. « On voulait te faire une surprise. »  


Grognard plissa les yeux. « Une surprise ? » « Oui ! » dit une fillette en sortant une boîte de son cartable. « On a fabriqué ça pour toi. » Elle ouvrit la boîte, et Grognard vit un collier fait de cailloux brillants, de plumes et de coquillages. « C’est pour toi, Grognard », dit-elle en souriant. « Comme ça, tu ne nous oublieras jamais. »  


Grognard sentit une boule dans sa gorge. « Je… je ne sais pas quoi dire », murmura-t-il en enfilant le collier. « Merci. » Les enfants éclatèrent de rire et l’entourèrent de leurs petits bras. Grognard se sentit moins grand, moins seul. « Vous voulez venir jouer sur la montagne ? » demanda-t-il. « Oui ! » crièrent-ils en chœur.  


Et c’est ainsi que Grognard le Géant rentra chez lui, accompagné d’une joyeuse bande d’enfants. La montagne Brumeuse n’avait jamais été aussi bruyante… ni aussi heureuse.  

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