Louis avait toujours entendu des histoires sur les secrets cachés sous sa ville. Sa grand-mère lui racontait souvent qu’en dessous des rues animées et des vieilles maisons en pierre, existaient d’anciens tunnels oubliés par le temps.

Chaque soir, avant de s’endormir, il imaginait un monde souterrain rempli de passages secrets, de salles aux murs gravés et de légendes mystérieuses. Aujourd’hui, alors que le soleil se couchait et que les ombres s’allongeaient sur les toits, Louis sentit une irrésistible envie d’explorer ces profondeurs.

Un après-midi d’automne, alors que les feuilles rouges et dorées dansaient dans le vent, il se rendit près d’une petite porte en fer cachée derrière une vieille bâtisse. Il l’avait découverte par hasard, lors d’une de ses promenades en ville. Presque entièrement recouverte par la végétation, elle semblait mener à un sous-sol oublié.

Sans hésiter, Louis poussa doucement la grille. Un long grincement métallique retentit. La porte s’ouvrit sur un couloir sombre.

Un escalier étroit, taillé dans la pierre, descendait lentement vers l’obscurité. Louis prit sa lampe de poche dans son sac à dos, inspira profondément, puis s’avança. Ses pas résonnaient contre les murs, comme si l’escalier lui-même voulait lui murmurer un secret. Autour de lui, tout était silencieux. Seules quelques gouttes d’eau tombaient, quelque part au loin.

En bas des marches, il découvrit une grande galerie souterraine. Le plafond était voûté et les murs portaient de vieilles inscriptions que Louis ne pouvait pas déchiffrer. Devant lui, plusieurs galeries partaient dans différentes directions, formant un véritable labyrinthe.

Son cœur battait plus vite. À la lueur de sa lampe, il avançait prudemment, observant chaque détail : un mur fissuré ici, une petite porte en bois là, à moitié dissimulée par la mousse.

Après quelques pas, il entra dans une vaste salle. Le sol était recouvert d’anciens carreaux de pierre, usés par le temps. Au centre, un bassin rempli d’eau stagnante reflétait faiblement la lumière de sa lampe. En s’approchant, Louis remarqua des motifs gravés sur le rebord du bassin, comme s’ils racontaient une histoire oubliée.

Poursuivant son exploration, il arriva devant une large porte en bois massif. Elle était décorée de motifs simples et entrouverte. Derrière, une pièce plus grande encore semblait l’attendre.

Il poussa lentement la porte et entra.

La pièce était presque vide. Seul un tapis de pierre recouvrait le sol, et dessus étaient disposés d’anciens objets : des pots en terre cuite, des chandeliers en fer forgé et de vieilles statues de pierre.

Dans un coin faiblement éclairé, une grande porte de fer se dressait, ornée de mystérieux symboles. Louis s’approcha et posa sa main dessus. Le métal était froid sous ses doigts.

Soudain, un murmure s’éleva, léger comme le vent entre les pierres.

Louis sursauta et se retourna brusquement. Mais il ne vit personne.

Il se souvint alors des récits de sa grand-mère. Elle lui avait parlé d’une créature ancienne, la Bête, qui vivait dans les profondeurs et protégeait les secrets de la ville.

La légende disait qu’elle ne se montrait qu’à ceux qui étaient prêts à entendre son histoire…

Louis sentit son cœur se serrer. Était-il sur le point de découvrir quelque chose d’extraordinaire ?

Poussé par sa curiosité, il s’avança plus loin, suivant un passage étroit qui descendait encore plus profondément sous la ville.

Les galeries se faisaient plus sombres. L’air était plus frais et plus humide. À chaque pas, il découvrait de nouveaux vestiges : des pierres gravées, des sculptures abîmées par le temps et des inscriptions mystérieuses.

Après plusieurs minutes de marche, il déboucha dans une immense caverne.

Le plafond était si haut qu’il disparaissait dans l’obscurité. Au centre, une immense sculpture de pierre représentait une silhouette mystérieuse. Ses traits étaient difficiles à distinguer, mais elle inspirait à la fois crainte et respect.

Autour d’elle, de lourdes chaînes rouillées pendaient du plafond. Sur le sol, d’étranges empreintes racontaient le passage d’un être colossal…

Louis s’approcha prudemment. Les motifs gravés sur la sculpture semblaient raconter l’histoire d’un gardien des profondeurs, chargé de protéger la ville depuis des siècles.

Tout à coup, un bruit retentit au fond de la caverne.

Il tourna la tête et aperçut une lueur faible sur un mur de pierre. Intrigué, il s’avança et découvrit un passage dissimulé derrière un amas de roches.

La lumière venait d’un petit objet métallique qui semblait briller doucement.

Louis s’engagea dans le passage.

Après un long moment, il arriva dans une pièce circulaire. Au centre, une vieille table en pierre portait divers objets : de petites statuettes, un livre aux pages jaunies… et un médaillon posé sur un coussin de velours.

Il s’approcha et tendit la main.

Dès qu’il toucha le médaillon, une douce vibration parcourut la pièce. L’objet se mit à briller légèrement. Un symbole y était gravé… Il ne le connaissait pas, mais il lui semblait étrangement familier.

Alors, une voix résonna dans l’air.

— Tu as trouvé ce que tu cherchais.

Louis sursauta et regarda autour de lui. Mais il ne vit personne.

— Ne crains rien, poursuivit la voix. Tu es l’un des rares à comprendre les secrets de ces lieux.

Le garçon écoutait, fasciné.

— Je suis le gardien des souvenirs enfouis, continua la voix. Ces tunnels renferment l’histoire de la ville… et seuls ceux qui osent les explorer découvrent la vérité.

Louis ouvrit le vieux livre posé sur la table.

Les pages racontaient un passé oublié, un temps où la ville reposait sur un équilibre fragile entre lumière et ombre… Un temps où un gardien veillait sur elle, protégeant son secret.

Louis referma doucement le livre et serra le médaillon dans sa main.

Il savait qu’il devait ramener ces objets à sa grand-mère. Peut-être pourrait-elle lui en dire plus sur cette incroyable découverte…

Alors, il quitta la pièce, le cœur battant, et remonta à la surface.

Quand il arriva chez sa grand-mère, elle était assise près de la cheminée, un vieux livre entre les mains. Louis s’assit à côté d’elle et lui montra le médaillon et le livre.

Elle l’observa un instant, puis sourit doucement.

— Tu as découvert un morceau de notre histoire, Louis.

Et ce soir-là, elle lui raconta les légendes oubliées.

Celles qui parlent de la ville, des profondeurs… et du gardien qui veille sur elles.